Des herbes
folles courent le long des anciennes pompes à essence. A Antony, dans le
quartier Pajeaud, la station-service Oil-France ne fonctionne plus depuis cinq
ans.
Mais le site est
toujours là. Presque intact. « Une vraie plaie » pour la commune des
Hauts-de-Seine, qui a décidé d'organiser, ce mardi,
des échanges avec huit autres
municipalités concernées - six collectivités franciliennes dont
Saint-Cloud, Franconville ou Les Mureaux,
une
commune de l'Oise (Jaux) et une autre des Ardennes - à l'hôtel de ville
d'Antony pour discuter du problème.
« On est coincés »,
explique Fabien Hubert, conseiller municipal chargé du commerce.
Lorsque Oil-France - que nous n'avons pas
réussi à contacter - a cessé son activité en 2012, l'entreprise n'a jamais fait
de déclaration de cessation d'activités, selon l'élu.
« On leur a demandé
s'ils pouvaient mettre leur site en sécurité, s'ils pouvaient nous assurer que
les sols avaient été dépollués…
Mais on n'a jamais
eu de réponse. On ne sait même pas si les cuves ont été vidées de leur fioul »,
regrette Fabien Hubert.
« Si on
rachète, la dépollution des sols sera aussi à notre charge… »
En
2013, la ville décide donc d'entreprendre, elle-même, des travaux d'entretien.
Et fait poser des grillages autour du site.
En 2016, devant
l'inertie d'Oil France, la commune engage une procédure de déclaration d'état
d'abandon manifeste.
« Cela permet notamment
l'expropriation du propriétaire », explique l'élu d'Antony.
Selon les services de la mairie, une vingtaine
de stations seraient toujours à l'abandon en France.
« Il y a aussi une trentaine de sites pour
lesquels nous avons peu d'informations », reconnaît Fabien Hubert.
La situation serait en revanche réglée pour une quinzaine de villes,
comme à Colombes qui a racheté la parcelle.
« Le propriétaire
attend sagement qu'on fasse des propositions individuelles et fait monter
l'ardoise. Si on rachète, la dépollution des sols sera aussi à notre charge…
On préfère utiliser
les moyens légaux », argue l'élu d'Antony.
A
Colombes, bientôt des logements à la place

(LP/A.D.)
A Colombes, la station-service
fantôme disparaîtra bientôt du paysage. Située avenue de Stalingrad, en face du
quartier en pleine rénovation urbaine des Fossés-Jean,
la pompe à essence Oil France avait
été acquise par la mairie il y a une dizaine d’années. « Le dossier a longtemps
été bloqué à cause de la dépollution, mais ça y est,
le problème est réglé », se
félicite la mairie (LR).
Les travaux de dépollution, qui
dureront neuf mois, viennent de commencer. « La loi Alur a permis qu’un tiers
puisse se substituer à la municipalité pour ces travaux,
décrypte
le cabinet. Le promoteur Pierre Promotion a donc entrepris les travaux et nous
déduirons le coût de dépollution lors de la vente du terrain. »
Cela représente environ un quart du
prix de 2 M€. Une trentaine de logements en accession à la propriété, un
commerce de 300 m² en rez-de-chaussée et un parking
en
sous-sol devraient être construits dès l’année prochaine.
A.D.
L'objectif de cette
journée d'échange, pendant laquelle l'Ademe, l'agence de l'environnement et de
la maîtrise de l'énergie, a fait une intervention, est donc simple :
rassembler
les acteurs concernés. Les représentants des collectivités ont décidé d'envoyer
une lettre commune à Nicolas Hulot,
qui
demande une « intervention de l'Etat dans ce dossier et une mise à disposition
à disposition des moyens d'action »,
notamment
pour favoriser le processus d'expropriation.
Un collectif des
communes concernées va également être créé et doit se réunir régulièrement.
« Les autres villes concernées qui n'étaient
pas présentes sont invitées à nous rejoindre, précise Fabien Hubert.
De grosses villes comme Lyon ou Marseille sont
concernées. »
« Ça fait tache
dans le paysage »
Si la mairie
d'Antony parvient à récupérer cette parcelle, c'est dans un but bien précis :
réaménager le centre commercial voisin.
« Les bâtiments
datent des années 1970, les locaux sont vieillissants. On voudrait repenser
l'aménagement du centre en prenant en compte la parcelle de la station-service
»,
précise
Fabien Hubert.
Une idée qui semble
déjà plaire aux habitants du quartier. « Cette station fait tache dans le
paysage. En la récupérant, il y a de quoi faire », observe Joël, 55 ans.
« Il faut s'en
débarrasser. C'est moche, c'est triste et ça peut être dangereux pour les
enfants… », souffle Myriem, une mère de famille.