Des abattages d’arbres reportés après une forte mobilisation à Sèvres et
Antony
Cette semaine, deux projets du département devaient être lancés derrière le
musée de la manufacture de Sèvres et
rue Pajeaud à Antony.
Deux pétitions, avec près de 3000 signatures, les ont mis en suspens.
Antony. 75
arbres doivent être abattus dans la rue Adolphe-Pajeaud pour le réaménagement
de la D 67A.
Le 4 juin 2020
Il s'en est fallu de peu pour que les feuillus ne
passent pas l'été. Deux gros projets du département, l'un à Antony,
l'autre à Sèvres, devaient démarrer cette semaine.
Problème : ces aménagements prévoyaient la coupe de près de 150 arbres.
Dès la semaine
dernière, habitants et élus écologistes se sont mobilisés massivement sur les
réseaux sociaux.
« Comme j'ai
rarement vu », reconnaît même Annie-Laure Hagel, élue EELV à Antony.
Deux pétitions en ligne ont rassemblé chacune près de 1400 signatures. Un remue-ménage tel que, ce mardi,
le département
a annoncé le report des projets. Un « soulagement » pour leurs opposants.
A Sèvres, il s’agit de
créer un couloir piéton et cycliste
Rembobinons
dix ans en arrière. C'est à cette époque que les deux projets en question sont
évoqués pour la
première fois.
Les années s'écoulent, au même rythme que les désaccords. Les aménagements
finissent par
être validés
ces derniers mois. Et enclenchés.
À Sèvres, on
l'appelle la « promenade des jardins ». Le département entend créer un couloir
piéton et cycliste
reliant le
pont de Sèvres à l'entrée du parc de Saint-Cloud. Pour y parvenir, 69 arbres,
des tilleuls, marronniers
et érables,
pour certains centenaires, doivent être abattus derrière le musée de la
manufacture de Sèvres.
« Ce projet
très ancien a resurgi d'un coup, sans qu'on en ait été informé, juste après le
déconfinement », remarque
Catherine
Candelier, élue d'opposition EELV à Sèvres.
69 arbres
situés derrière le musée de la manufacture de Sèvres sont menacés d’abattage
pour le projet de
« promenade
des jardins »
À Antony, on
parle de 75 arbres, essentiellement des platanes et quelques tilleuls. Les
feuillus longent la rue
Adolphe
Pajeaud. À cet endroit, sur la D 67A, le département veut réorganiser la 2x2
voies pour créer une contre-allée
pour les
voitures et une piste cyclable. Mais les arbres sont sur le chemin.
« C'est
impensable de les couper. Surtout aujourd'hui, dans une zone urbaine et
bétonnée comme celle-ci », souffle
Annie-Laure Hagel. « Il n'y a aucune
raison valable de les couper », tranche un habitant, installé non loin de la
manufacture de
Sèvres.
En pleine période de nidification
Deux arguments
sont mis sur la table par les opposants. D'abord, la protection de la
biodiversité. « Couper ces arbres
en pleine
période de nidification pour les oiseaux est presque un acte criminel, dénonce
Irène Nenner, résidente
d'Environnement
92. Il y a beaucoup d'animaux qui y vivent depuis des années. »
La temporalité
coince aussi. « Avant l'été, juste avant des périodes de canicule … C'est
déraisonnable, fustige
Annie-Laure Hagel A Antony, les
platanes sont hauts et très feuillus. Ils créent un vrai tunnel de fraîcheur
dans la
rue Pajeaud. »
Les deux
projets incluent la plantation de nouveaux arbres. Sont prévus 70 nouveaux
sujets à Sèvres et « 62 nouveaux
arbres,
majoritairement des aulnes pourpres, moins sujets aux maladies que le platane
», fait valoir le conseil départemental.
Sans
convaincre Irène Nenner, qui assure la fraîcheur est
décuplée « sous un arbre mature très feuillu, plutôt que sous un
jeune arbre ».
« Cela fait
partie de la qualité de vie dans notre rue », martèle Christian Jestin,
président du conseil syndical d'Harmony 2,
la nouvelle
résidence du quartier, qui abrite un millier de personnes et qui donne sur
cette rue abritée par les platanes.
En quelques
heures, cet Antonien a réuni des centaines de signatures.
Les projets reportés à l'automne
Ils ont
visiblement été entendus. Le conseil départemental a décidé le report de ces
travaux, a priori à l'automne :
« Ils devaient
débuter en mars, ils ont été repoussés à cause de la crise sanitaire à juin ».
« Le
département est à l'écoute des observations des associations et des
municipalités et, considérant qu'en effet,
cette période
de l'année n'est pas la meilleure pour réaliser ces coupes, a décidé de
différer à nouveau l'engagement
des travaux. »
Une première
victoire des opposants. « Les gens ont compris qu'on ne pouvait plus utiliser
les méthodes d'avant. Il y a une
vraie prise de
conscience », observe Annie-Laure Hagel. « On est relayés. Avant, quand on
parlait d'écureuils, on se moquait
de nous »,
confie Catherine Candelier.
Les deux élues
parlent aussi d'« effet Covid ». « Les gens sont encore plus attachés à la
nature, observe l'élue écologiste.
Ils ont passé
des semaines enfermées. » « Les arbres ne sont plus une variable d'ajustement,
estime Irène Nenner.
Quand on fait
des travaux, il faut réfléchir à les intégrer, pas recourir à la facilité en
les abattant. »
Le département va élargir la concertation
Cet épisode marquerait-il
le début d'un long bras de fer ? Le département rappelle que les deux projets
ont fait l'objet de
discussions et entend mettre à profit les mois
à venir pour convaincre de leur bien-fondé.
Le projet de
Sèvres, qui est situé dans un secteur patrimonial, a été « élaboré en étroite
concertation avec la municipalité,
présenté à la commission départementale des
sites, perspectives et paysages, qui a prononcé un avis favorable, puis a reçu
les autorisations de travaux requises au
regard du site et des monuments historiques », met en avant le conseil
départemental,
qui envisage cependant de revoir l'aménagement
« pour conserver certains arbres ».
La
municipalité d'Antony a aussi été associée aux futurs travaux de sa ville,
souligne encore le département, en évoquant « une
réunion publique fin 2014 et une présentation
aux représentants de quartiers en 2016 ». « Le report permettra d'assurer la
bonne information des nouveaux arrivants dans
le secteur », indique-t-il.
« On restera
attentifs », prévient Annie-Laure Hagel, à Antony. Christian Jestin se dit
favorable à des travaux d'aménagement
mais « sans toucher aux arbres. En 2020, on ne
coupe plus des arbres en pleine santé ! »